Homo sapiens numericus : sur une nouvelle préhistoire

La survenance du numérique et l’immersion dans le virtuel vont modifier une fois de plus l’échéance probable de notre destin collectif, dont on doit penser qu’elle s’éloigne sous le poids des succès prodigieux et souvent imprévus qui montrent que l’homme conserve une marche qui est toujours celle de la jeunesse. La présidence depuis bientôt douze années d’une société d’économie mixte vouée à la fibre optique m’a permis de suivre l’incroyable parcours mené par l’informatique dans la vie quotidienne, dans l’industrie, dans la recherche et pour tout dire dans ce qui devient l’histoire, où sa place paraît réservée au nombre des progrès décisifs qui ont illustré ou qui doivent illustrer l’aventure humaine. Comme le firent jadis le biface de silex, la révélation du zéro, la numération décimale, la caravelle de Christophe Colomb, le cinéma de Louis Lumière, l’avion de Clément Ader, l’arrivée du microprocesseur entreprend de changer le monde. Car, malgré d’insignes insuffisances, des infirmités séculaires, des déséquilibres aveuglants, tout montre que ce grand malade qu’est le monde, parce qu’il est en pleine croissance, reste situé sur le parcours ascendant de son aventure, c’est-à-dire peut-être celui de son commencement.